CHANSONS EN BRETON SUR FEUILLES VOLANTES

Retour rubrique histoire

Contact

Pommes de terre et feuilles volantes.

Ce n'est qu'au début du 19ème siècle que la pomme de terre fut véritablement adoptée par la population bretonne. Quelques chansons sur feuilles volantes datant de cette période témoignent de ce qui constitua une révolution dans l'alimentation des bretons alors plus habitués aux céréales...

Article publié par Thierry Rouaud dans "Musique Bretonne" N°186, septembre-octobre 2004.


Avant la pomme de terre Des débuts difficiles De la propagande Passons à table Le fléau de Dieu

Goulven Mazeas

Quelques sites internet sur l'histoire de la pomme de terre

Textes des chansons


Introduction

La pomme de terre fait aujourd'hui partie intégrante du paysage culinaire breton mais il y a deux siècles, c'était encore un légume nouveau. Il devait batailler contre les crêpes et les bouillies pour gagner sa place dans les écuelles puis les estomacs. L'histoire bretonne de la pomme de terre a été détaillée dans un ouvrage publié par Goulven Mazéas en 1940. L'auteur montre en particulier que la Bretagne a eu à la même époque que Parmentier (1737-1813) des promoteurs zélés du "solanum tuberosum". Les principaux avaient pour noms : Louis Marie Lavergne (1756-1831), Monseigneur de la Marche (1729-1806)l'évêque-comte de Léon, surnommé "Eskop ar patates", Le Marquis Barbier de Lescoat, Francois Le Dréan (1744-1823), La Chalotais (1701-1785), Procureur Général de Bretagne.
Plusieurs chansons en breton, dont une majorité sur feuilles volantes, témoignent des débuts de cette révolution alimentaire. Dans les années 80, Musique Bretonne publia le texte d'une chanson manuscrite notée sur les pages du registre paroissial des décès de la paroisse de Pommerit Le Vicomte (22). Le texte, daté de 1820 et signé d'un dénommé " Rober ", met en scène un boulanger et un meunier qui se plaignent du nouvel engouement pour les pommes de terre et de la désaffection de la clientèle pour le pain et la farine. D'autres chansons, signalées par Goulven Mazéas, sont l'œuvre de Yann ar Guen (1749 1849). La biographie du célèbre chanteur aveugle a été présentée par Serge Nicolas dans le n° 113 de Musique Bretonne. Publiées sous forme de feuilles volantes, les compositions de Yann ar Guen datent des années 1840 d'après l'identité de l'imprimeur mais rien ne prouve qu'il n'y ait pas eu des éditions plus anciennes.

Luzel a collecté, en 1888, auprès de Marie-Jeanne Marzin de Pedernec, une chanson qu'il a intitulée "Son ar patatès". Cette chanson n'est autre qu'une de celles publiées par Yann ar Guen mais avec les stigmates du passage par la tradition orale : couplets déplacés ou supprimés et mots adaptés aux variantes locales. La popularité du chanteur a eu également d'autres conséquences. Une chanson nommée " Elojou ar Patates " a été publiée à Lannion, une vingtaine d'années après la mort de Yann, par Olier ar Bolc'h. Ce dernier n'y fait que reprendre la version initiale avec quelques changements mais ne s'en prétend pas moins l'auteur .

Plutôt de publier ici les textes assez longs de ces chansons, il a paru plus intéressant d'en extraire des couplets significatifs et de les placer en perspective avec les principaux thèmes de ce qui constitua une révolution alimentaire.

1) Avant la pomme de terre.

Dater les débuts de la culture de ce légume en Bretagne est une chose bien difficile dans la mesure où les sources sont variées et ne font état que de pratiques locales ou individuelles. Yann ar Guen, vers 1845, indique pour sa part :

Breman so hanter cant bla, eme an dud ancien
Ne vellet quet an douar nep lec'h patatezenn
Il y a cinquante ans disent les anciens
On ne voyait pas de patates sur terre

Guech-all evoa ar Guinis a estimet muian
Ha brema ar patates a hone varnean
Autrefois, le blé était le plus estimé
Et maintenant, ce sont les patates qui ont le dessus

Ceci concorde avec d'autres sources. La Galerie bretonne, dont on date généralement les tableaux et les commentaires des années 1800, ne fait aucun état de pommes de terre mangées au cours des repas. Cambry, dans son "Voyage dans le Finistère ou état de ce département en 1794 et 1795 ", donne des indications sur les types de cultures.
A propos de Pontusval, près de Plonéour dans le Léon : La nourriture du pays est une bouillie grossière d'orge, d'avoine, rarement de froment. (…) beaucoup de panais ; les pauvres s'en nourrissent, les riches les dédaignent : on y voit peu de pommes de terre… Ils mangent de la bouillie deux fois le jour, excepté le dimanche, le mardi et le jeudi…. .
A propos des environs de Plougastel : : …On y sème peu de froment; on récolte principalement du sarrasin, des seigles, de l'avoine, très peu d'orge ; les habitants commencent à s'accoutumer à la culture des pommes de terre (…) le froment, l'orge, le seigle, le sarrasin, l'avoine, le méteil, sont les principales productions du pays ; on y recueille aussi des pois, des fèves, des navets, des panais; les pommes de terre ne s'y cultivent que depuis un an…

2) Des débuts difficiles.

La pomme de terre a été longtemps accusée de donner des fièvres ou la lèpre. Arthur Young (1741-1820)en disait "les quatre vingt dix neuf centièmes de l'humanité n'y voudraient point toucher". Elle n'était jugée bonne qu'à nourrir les pauvres, les prisonniers et les animaux. On l'accusait aussi de provoquer des gaz intestinaux. Toutes choses que Yann ar Guenn mentionne dans plusieurs couplets.

Gante e larder ar moc'h, ar saout ac ar quezec
A dan dud dao pred bemde pansion reglet
Avec elles on engraisse les porcs, les vaches et les chevaux
Et pour les gens, (ce sont )deux repas par jour tombant comme une pension

Lemmet o deus ar famin a gorf mar a paour quès
Ac evit ar re pinvidic da lardan o loëned
Elles ont ôté la famine du ventre de beaucoup de pauvres
Et pour les riches engraissé leurs bêtes

Tenn bram a ra al labourer o c'hantren er parco
Quen a zail al loened goe e mes dreist ar c'hleuyo
En entrant dans les prés, le laboureur lâche un pet
Qui fait sauter les bêtes sauvages par-dessus les talus

3) De la propagande

L'incitation à la culture et la consommation des pommes de terre a été une constante des autorités tant royales que républicaines. Les formes ont été des plus diverses : vertu de l'exemple, appels en chaire ou par affiches, lettres aux autorités locales, subventions, ordres comminatoires. La seule trace que l'on peut imaginer rester est cet " exemple " au ton éminemment publicitaire :

Men meus clevet un den, en ent, o lavaret
En deus hadet Patates lec'h ma ve un cant eed
A goude ma int tennet e heo et d'ho c'hareat
Ac en neus bet da glenquan nao anter dimporellat

J'ai entendu en route un homme qui disait
Qu'il avait semé des patates là où il y avait un cent de blé
Et après qu'il les ait retirées pour les charroyer
Il y en eut pour neuf charrettes et demi

D'autre part, les hommes mobilisés pour les guerres républicaines ou impériales peuvent avoir ramené de leurs campagnes ou de leur temps de prison, le goût des pommes de terre, comme le suggère " Rober " en 1820 :

Tud en general Vatlinton
O have mad poahec bars en ton
Armée general Pichegru
E poihe ney mesque er ludu
Allementet tud er fortun
Debe eney ugent pret bep sun

Les gens du général Wellington
Les trouvent bonnes cuites au feu
L'armée du général Pichegru
Les cuisaient dans la cendre
Les Allemands, gens riches
En faisaient vingt repas par semaine


 Arrêté sur la culture de la pomme de terre.
Le Représentant du Peuple près les côtes de Brest et de Lorient.

Brest, le 25 Pluviôse de l'an II : Considérant que les dispositions du Décret de la convention Nationale du 23 Nivôse dernier ne recevraient pas d'exécution dans les départements Finistère, Côtes du nord et Morbihan par la difficulté de l'idiome celtique, si les instructions n'étaient traduites .. Arrête qu'il sera envoyé à chaque district des trois départements une traduction à distribuer à chaque municipalité. Arrête qu'il sera cultivé au moins un vingtième du terrain labourable de chaque fermier en pommes de terre, sous peine d'amende qui serait la double imposition foncière de la totalité de leurs propriétés.

 11 Avril 1793, Adresse du Directoire du département des Côtes du Nord.
."... Nous assurons une récompense de trois sous pour chaque boisseau de pommes de terre du poids de cinquante livres qui sera récolté cette année , sans ôter aux cultivateurs la faculté d'en disposer à leur profit.."


Sommaire

4) Passons à table.

Les chansons nous donnent un aperçu des nombreuses manières de manger les pommes de terre. Pour l'anecdote, afin d'économiser la farine, de nombreuses tentatives furent faites pour produire du pain à partir d'un mélange variable de farine et de fécule de pomme de terre. Les résultats furent si médiocres que cette nouveauté alimentaire ne dépassa pas le stade expérimental. Comme le montrent les couplets ci-dessous, la façon de consommer les pommes de terre dont les recettes varient selon la qualité et l'appétit du mangeur.

Diou veach bemde hon neus ane leis hon c'horvo
Hac eur grampoesen goude hac ur c'houpl avijo
Deux fois par jour nous en remplissons notre corps
Avec une crêpe après et parfois deux

Ar paysanted , gant les o lonq tout en tom scot
Pes a pes en o corfo ar re a ve commod
Ha tud gentil ar querio o frepar delicat
Goude bean bet er forn o poahat gand quic mad
Les paysans, avec du lait, les avalent telles quelles
Pièce à pièce dans le corps, celles qui s'y prêtent
Les gentilshommes des villes les préparent délicatement
En les mettant à cuire au four avec de la bonne viande

A canomp a voëz huel dar Patates,
A lequeer var an tolio aroc ar plat crampoës.
Chantons à voix haute les patates
Que l'on met sur les tables avant le plat de crêpes

An amser a plijadur, ar chenchamant souben
Ac un tam quic sall a vo gant ar Patatezen
Un temps de plaisir le changement de soupe
Il y aura un morceau de viande salée avec les patates

Arrive er guer ven lequont tout
De preparin nes en ragout
Neubet aman a fors ognon
Arrivés à la maison, ils se mettent tous
A les préparer en ragoût
(avec) peu de beurre et beaucoup d'oignons.


Lettre citée par M. Le Guennec dans la Dépêche de Brest du 30/06/1934.

Dans une lettre du 20 Décembre 1761, la marquis de Lescoet indique à son correspondant de Lesneven une manière de manger les pommes de terre.
" La meilleure façon pour les assaisonner est de les bien cuire à l'eau la veille qu'on veut les manger , de les peler et couper par tranches que l'on pique avec une fourchette , ensuite qu'on laisse mariner du soir au lendemain dans du vinaigre , un peu de sel et de poivre, et de les accommoder ensuite au beurre blanc ou à l'huile avec des petites herbes et échalotes. comme c'est un légume fade, cette marinade lui fait du bien.."

Parmentier, Moniteur Universel du 13/11 1812.

" Tous les procédés employés pour dessécher la pomme de terre n'avaient pour but que de la rendre propre à faire du pain. Mais, même dans la proportion du tiers ou du quart, elle rend le froment lourd, compact, serré et bis..."

Mémoire du docteur Lavergne (1793).

" On lave bien les pommes de terre; on les fait cuire dans de l'eau, l'espace d'une demi heure; on les pèle, puis on les écrase en ajoutant un peu d'eau ; on passe cette pulpe au travers d'un crible et on ajoute alors un grande moitié de farine de froment ou de seigle et un peu de levain. On laisse lever la pâte un peu moins que pour le pain ordinaire. On en forme ensuite des masses de 8 à 12 livresque l'on met au four et qu'on laisse un peu plus longtemps que de coutume afin que l'humidité des pommes de terre puisse s'évaporer..".


Sommaire

5) Le fléau de Dieu.

L'année 1845 marque l'arrivée de la terrible maladie de la pomme de terre. Le mildiou, cause de la Grande Famine en Irlande, toucha également la Bretagne, heureusement dans une moindre mesure. Yann ar Guen en parle dans " Recit composet a nevez var sujet ar patates ".

En queit a ma produjent o defoa prometet
Ne andurjemp birviquin ar guernes var an ed
Moes lemet digante o ners ac o pouvoer
A queet an dristidigues ebars en pet quartier

Tant qu'elles produisaient, elles promettaient
Que nous n'endurerions plus la disette sur le blé
Mais leur force et leur pouvoir leur a été ôté
Et la tristesse s'est abattue sur chaque quartier

Comme la plupart de ses contemporains, Yann donne une origine surnaturelle au fléau. Son hypothèse est la vengeance divine causée par l'ingratitude et l'impiété des hommes face à ce cadeau céleste censé les rassasier.

Labourerien en tiez ac an domestiquet
Evel ma vent sortiet emes goude o fret
A losq var ar patates mil malediction
E carent e vent pompet pel creis ar mor don

Les laboureurs de la maison et les domestiques
En sortant dehors après leur repas
Abattent sur les patates mille malédictions
Et aimeraient qu'elles soient jetées loin dans la mer profonde

Il réfute l'origine satanique de la maladie dont l'idée est pourtant celle de beaucoup, comme en témoignera par ailleurs J. M. Deguignet dans ses mémoires ( p 48-56).

An darn vuia deus an dud a lar int sordet
Ac ar re se a lavar ar pes na ouzont quet
Goalen Doue eo homâ o tond d'on castial
A neus o diminuet ac o laqueet da fal

La plupart des gens disent qu'elles sont ensorcelées
Et ceux là ne savent pas ce qu'ils disent
C'est le fléau de Dieu venu nous châtier
Qui les à fait décroître et dépérir

6) En conclusion
Ces couplets sur l'apparition de la pomme de terre dans l'alimentation des bretons montrent que les informations contenues dans les chansons populaires imprimées ou orales, peuvent fournir une vision complémentaire sur l'évolution des comportements. Ces témoignages chantés ont l'avantage d'ajouter une touche simple et humaine à l'histoire officielle.

Thierry ROUAUD


Goulven Mazeas (1895-1981)

Goulven Mazeas était négociant en pomme de terre de semence à Guingamp et fut, après guerre président du syndicat des négociants de Bretagne. Il fut le créateur d'une variété nommé "Keltia".Parallèlement à son activité professionnelle, il eut un engagement marqué dans la culture bretonne et le fédéralisme. Décoré pour son courage au front en 1914-1918, il n'en devint pas moins profondément pacifiste et antimilitariste. En 1930, il se présenta aux élections, à Guingamp, comme candidat du Parti "Breiz Atao" mais n'obtint que 376 voix. Quelques temps après, s'opposant au courant ultranationaliste breton de Mordrel et Debauvais, Goulven Mazeas s'engagea dans la voie du fédéralisme international. En 1934, il publia "Social Fédéralisme", puis en 1940, "La Petite Histoire Bretonne de la Pomme de Terre".

Bien qu'en marge de notre sujet, cet extrait de l'introduction du "Social Fédéralisme" montre qu'en 1930 Goulven Mazéas avait une vision prophètique de la catastrophe qui attendait l'Europe. On ne s'étonnera pas, en lisant ces lignes, de son refus de suivre l'évolution de Breiz Atao dans une spirale qui conduira le mouvement vers la collaboration.

"A l'heure où les démocraties croulent, expiant ainsi la faute de n'avoir été démocraties que de nom, quant l'Occident, dans une marche rétrograde, s'engage yeux bandés dans la voie des nationaux-socialismes, ultimes remparts de l'internationale capitaliste, quant par le monde le summum de la civilisation se juge à l'appareil guerrier dont croit devoir se glorifier chaque pays, au raffinement et au grandiose apparat que revêtent les meurtres collectifs organisés et avant que les peuples ne soient enlisés dans la glu paralysante des fascismes, il convient aux éléments encore sains composant l'humanité simplement civilisée, c'est à dire dépouillée des bas instincts de l'homme animal, d'opposer aux nationaux-socialismes étroits, égoïstes et barbares, à leur autoritarisme absolu et outrancier, un programme de liberté, de justice et d'humanité, social et international."

 

 

 

 

 


Remerciements à Yann Fanch Kemener et à Serge Nicolas (chanteurs traditionnels et aussi amateurs de pommes de terre) pour les informations communiquées.

Bibliographie.

- Petite Histoire Bretonne de la Pomme de Terre , Goulven Mazéas, Brest 1940.
- Iann ar Gwenn, le barde de Plouguiel, Serge Nicolas, Musique Bretonne n° 113, 1991.
- Galerie Bretonne, O. Perrin et A.Bouet, Paris, 1835.
- Voyage dans le Finistère ou état de ce département en 1794 et 1795; Jacques Cambry, Paris, 1799.
- Jean-Marie Deguignet : Mémoires d'un paysan bas-breton. Ergué-Gabéric, 1998.


Quelques sites internet sur l'histoire de la pomme de terre.

Comité National Interprofessionnel de la Pomme de Terre : http://www.cnipt.com/histoire.htm
Site de la truffole ardéchoise : http://www.truffole.com/

Site de Jardihaie : http://sddelorm.free.fr/potager/pdt/histo.htm
Site de Patrick Chazallet : http://www.chazallet.com/web_patchaz/appli/view_content.asp?cid=93

Sommaire


Textes des chansons

Chanson composet a nevez evit elogin ar patatez (N°1)

Recit composet a nevez var sujet ar patates (N°2)

Chanson composet a neve voar ar jardinerien hac ar patates(N°3)

L'an 1820. Le meunier et le boulanger....(N°4)

Chanson composée nouvellement au sujet des patates (N°5)

Récit composé récemment sur le sujet des patates (N°6)

La chanson a été imprimée à Morlaix par Victor Guilmer (1798-1867). Elle était acompagnée d'une autre chanson de Yann Ar Gwenn intitulée "Disput entre an Han hag ar Gouan".

Chanson composet a nevez evit elogin ar patates

Var ton : Chanson ar Cafe

ma c'halgen gout ar feçon e mije composet
eur chanson da eligin an trevad binniguet
pere a doug an ano dimeus ar Patates
Zecour ar bobl en antier en quer a var ar maes

Gante e larder ar moc'h, ar saout ac ar quezet,
A dan dud dao pred bemde pansion reglet ;

Inaouet en em guefer an deio malarge
O tremen ep Patates da nos ha da greis-de.

En em consolin ellomp pa voent tremener,
E erruo ar choreis ac e voient peillet
Dio vuech bemde a plaço , a taêr a plaço all
Ha pasq arruo de gouls evel an ordinal

An amser a plijadur , ar chenchamant souben
Ac un tam quic sall a vo gant ar Patatezen

Da digaç ners a courach dar paour ques labourer,
Da venagin an douar ma vo patates caer

Expliquomp ar vertuio en deuxs ar Pataes :
Lemmet o deus ar famin a gorf mar a paour ques,
Ac evit ar re pinvidic da lardan o loênet,

Da sicour pean ar fermio goude ma vent guerset

Na oufen quet rei deze a caeroc'h elogeo,
Pa e guir en o laquean mest an trevat er vro
Guech-all e voa ar Guinis a estimet muian
Ha brema ar patates a hone varnean.

Quent ma ye mat ar Guinis a renquer e grazan,
Ac e ve glao ac avel pa vet ous o zennan,
E eller o parein a dont d'ho sovetaat
Ac an ed pa ve glebiet ne ra quet a voet mat

Nemet nep a neus c'hoant da glasq contrariete
Ne lavar e ve guevier ar pes so guirione ;
Ne allo den ma repren evit dont da lavaret
Panevert ac Patates e vige quer an ed

Aboe ma he scladeet an trevat binniguet
E hint eur boët excellant d'an dud a d'al loenet ;
Netra n'en na en douar a produ evelte
Dindan ma vanq ar re gos et teu ar re nevez

Lezomp ar patatezen da guemer e repos ;
Deus ar mintin o foazer da greis-de a da nos,
A leromp i int eur recour en quer a var ar maes
An oll e ve ruinet ma vanqfe ar Patates

Men meus clevet un den en ent o lavaret
En deus hadet Patates lec'h ma ve un cant eed
A goude ma int tennet e heo et d'ho c'hareat,
Ac en neus bet da glenquan nao anter dimporellat

Mar queret e leverfet e contan merveillo ;
Oll dud e di so contant da vont tout da desto,
Ac a so tri domestiq a dio domestiques ;
a Tout o deus sicouret logean ar Patates

Ar paysantet, gant laes o lonq tout en tom scot,
Pes a pes en o corfo ar re a ve commod
Ha tud gentil ar querio o frepar delicat
Goude bean bet er forn o poahat gant quic mat

Trugarequomp Doue ac on mam binniguet
A goulennomp digante on lod er joaustet,
A canomp a voëz huel dar Patates,
A lequeer var an tolio aroc ar plat Crampoës.

An ini a n'eus rimet ar chanson a neve
Mui evit na rei quen bete fin e vuez,
Ian AR GOEN eo e ano, a pa vo decedet
Na houl nemet eur beden digant e vignonet

E Montroulez, e ty Vor GUILMER, Imprimer ha Librer, Guech-all plaç ar Pesquet, breman ru a aiguillon, hac e traon ru Sant Malani

Sommaire


La chanson a été imprimée à Morlaix par Victor Guilmer (1798-1867). Elle était acompagnée d'une autre chanson intitulée "Guers var sujet daou briet a num gare fidell", composée par René Le Bars de Tréguier.

Recit composet a nevez var sujet ar patates
var eun ton ancien


Bretoned a Vreis-Izel, tosteet da glevet
Recitan en guirione ar pes so arruet

Ac en deus rentet glac'har en rouantelez Franç

Collet eo an anter brassan deus on providanç
En queit a ma produjent o defoa prometet
Ne andurjent birviquin ar guernes var an ed

Moes lemet eo digante o ners ac o pouvoer
A queet an dristidigues ebars en peb quartier

Ar re neus fermet douar da lacat patates
A sonje nem soulagen er goan en o aes

O deus renquet o fean ep gallout profitan
Ep mo deus gallet sicour o zud quaes da vevan
Bremâ so anter cant bla, eme an dud ancien
Ne vellet quet an douar nep lec'h patatezen

Ac evoa guelloc'h bevans , caêroc'h pansiono
Maes aboe so guelet cals a chenchamancho
Doublet eo bet ar fermio var ar bord an anter
Ac an dud so cresquet ebars en peb quartier

Aumontet an truajo var guein ar fermerien
Nemert deus o fatates n'ho defoa quen souten
An darn vuia deus an dud a larint sordet
Ac ar re se lavar ar pes na ouzont quet

Goalen doue eo homâ o tont d'on castial
A neus o diminuet ac o laqueet da fal

Me a laca em speret eo capabl an offanç
A reomp d'on mestr divin bemde en e presanç

A dar Verc'hes glorius, on Mam ac on Itron
Da diminuin varnomp o benediction
Labourerien en ties ac an domestiquet
Evel ma vent sortiet emes goude o fret

A losq var ar patatez mil malediction
E carent e vent pompet pel creis ar mordon

Depet o defo o vean prononcet quement-se
Quent ma vo fin ar gouan e clasquoont ane

Pa finisso ar labour e chomoont er guer
Na gafont quet da honit, ac o defo miser
Enn queit a ma voat constant dimez ar Providanç
E re an Autrou Doue muioc'h abondanç

Brema so digare ordinal da ober clem
Gant ar pes a vo roet e renquoont tremen
Petra ra an dud malhurus gant o drouc pedenno
Acquisitan varneze a bep sort malheurio

Deut int da ben da lacat miser a dienes
Soulageamant ar bevien e voa ar patates
Ya !. On hano zo quanailles, eme an dud a voyen
Dre oll omp mepriset ep sicour digant den

Maes on Salver beniguet en defo ouzimp truez
Ac e guemer ac'hanomp evit e vugale
Var ar Scritur eo marquet homp mempre Jesus
Douç a leun a vadelez , misericordius

So bet tri bla a tregont o clasquan aluson
A e ober miraclou aroc e passion
Souffret en deus evidomp an tourmancho brassan
Scuillet e voat precius evit on delivran

Marvet en eur groas ponner evit on sovetaat
Panevertan e voamp colet oll pec'herien ingrat
Adoromp on mestr divin ac en nos ac en dez
A rentompoll on homag dirac e vajeste

Miromp ar gourc'hemenno en deveus comandet
Ac e momp da jouissan lod en eurustet
Evel ma vanqo a loenet da dibin ar patates
E vanq en aluson roet d'ar bivien ques

Evit digas clenvejo a bep sort mortinanç
Maes on Salver on miro , na momp na drouc na offanç
En em tromplan a ellont gant o aluzono
Ar bevien quoes a vevo ac hi a perisso

Rac on Salver a promet ar re a rei erfat
A c'honeo ordinal var ar re so ingrat
An humilite eo ar gaëran dimaus ar vertuio
A sicour an ineo da bignal en evo
Dirac on mestr souveren da receo ar setanç

Dious mo defo gret er bed-ma e vo o recompanç
Tachomp, ma breudeur christen , ra reï an aluson
Bep hini deus e pouvoar ac e condition
Evit ma nemp one vefomp goude fin on buez
O jouissan assambles en joaustet an ee

An inin neus rimet ar recit a nevez
A so un den ancien a pare e vuez
A chomp en parros Plouguiel, YAN AR GUEN e ano
Ac e pried ous e ren eur bla daou uguent so

FIN

E Montroulez, e ty V. GUILMER, Imprimer ha Librer, ru a Aiguillon.

Sommaire


Cette chanson existe en deux versions imprimées. L'une ne comporte ni nom d'imprimeur ni lieu. L'autre a été imprimée par S. Blot (1773-1853) à Quimper. Il est très incertain que ce soit Yann ar Guen qui ait fait lui même imprimer la chanson à Quimper chez Blot. Il lui aurait fallu traverser toute la Basse Bretagne, ce qui pour un aveugle se déplaçant à pied représente un grand périple. La version quimperoise est probablement une réimpression. Ce qui prouve la popularité de l'auteur. Cette chanson a été publiée dans un article de D. Giraudon intitulé "Iann ar Gwenn, chansonnier du Trégor", paru dans le n°10 de la revue Ar Men.

Chanson composet a neve voar sujet ar jardinerien hac ar patates

Me fell din implian un anter-heur amzer
Da riman ur son neve ha d'e isplican scler
Voar sujer artisantet hanvet jardinerien
A fournis an holl botach da ober ar souben
Col ha oignon, hac irvin, ha pour ha carotte
A fournissont da gueris ha da gals war ar mes
En pad ar bla o'c'hever en bord al leuveen
O voerzan da bep hini da ober e zouben

Nombr a negocianet a guemer jalousi
Ous o goelet o c'honit hac o c'hantreteni
Ho grague ho bugale hac evan guin-ardant
Hac e sonjont e touchont un nombr bras a arc'hant

Bea a so tud hac a oar, ha na declaront quet
Petra re hano en neus an negocianet
So et da jardinier hac en neus ruinet
Quement a oa dindanne hac e vve ezet

Formi a reont ur c'honsail evit en eum glevet
Da ober ho jardino gant ho domestiquet
Vit ma chomjent tout gante goude ho labourat
Da voerzan da bep hini en plassen ar marc'hat

Mes en eum dromplaz a reont rac ne profitoent quet
Goude bean ha pean enne domestiquet
Ho devoa mui an hanter digant ho merrerien
Evit na vo o gounit a zorn ho meveyen

Sciuzan a reont buan o c'heuil ho zantimant
O oelet an diminu o tont en ho arc'hant
Hac o deus diguemeret cals deus ho merrerien
Da guemer jardino ous ar feurm ancien

Pa voelont e manquet ar produation
Deus an treo er jardino en defot a saezon
An doaur so ancien mes ne de quet ur zot
Lel ma manquer varnean e torret ar ribot

goulen a ran un avis ous ar re so disquet
Quen couls digant noeret evel avocaded
Hac en eum gafonyt jeinet o tibab ar voyen
Da vevan en plijadur, ha na raint birviquen

An den so comparachet er bed ous an toussec
An doaur eo e vevanç ha c'hoas e ve jeinet
Gant aon na vancque dean a gaout e bansion
Han hini a so cure a gar a ve person.

Vel ma veler ur paour ques o c'hounit e vara
E ve laqueet mar gueller vis a vis da netra
Mar be goelet o vevan e tastum ho arc'hant
Ha mar en deus paourentes e contet feneant

An hini so destinet evit ar baourente
A rencquo bevan enni bete fin e vue :
Caer en deus essa zevel ne zavo birviquen
En e c'hreiz e renq mervel ha c'heuil e blaneten

C'hoas e vevo disoursioc'h evit perc'hen mado
Na voeler quet al laeron o vonet var e dro
Hac ar re en deus moyen hac en ty hac er mes,
A so occupet gante betec ar patates

Ar re man an eost divean hac ar c'homunan boet
Ha mar mancont d'ar bevien e voent revinet :
Pa vent tennet ha clenquet ha conservet ervad
Int ur voneur en tye hac eur boed dilicat

Bretaign a so recouret gant ar boed biniguet
Nep a laca dindane douar , poezellad ed
A guev daou uguent boezellad hac ouspen alies
Trugarecqeomp Doue ha lonquomp patates

Diou veach bemde hon deus ane leis hon c'horvo
Hac eur grampoesen goude , hac ur c'houpl avijo

Han, gouan, ar patates ar bansion reglet
Hac an oll, bras ha bian, a voar prepari boed

Ispliquomp, quen finissan, d'an oll en guirione
Ar pez so bet approuvet, erruet ho goude :
Tenn bram a ra al labourer o c'hantren er parco
Quen a zail al loened goe e mes dreist ar c'hleuyo

An de divezan a mis eost, er bla nao ha tregont
Da eiz eur deus ar mintin, hep mancanvar e gont
Yan ar goen a compose hac e wreg a scrive :
Encuchen ar forniguel e gret ar son neve.

Sommaire


L'an 1820. Le Meunier et le Boulanger en ville auprès le marché aux légumes en voyant avec déplaisir leur chalands faire bonne provision de pommes de terre se parlèrent ainsi

Voar an ton : Mil vad erafe d'am c'halon composin breman eur chanson

Bonjour eme er miliner
O salui er boulanger
Deut guenin pe nom quet preset
De guemer un dra bennaquet
Mo pou lod er chagrin em eus
Ebalamour der patates

Coulse a hui me er boulanger
Emeus rabat voa me micher
A rese son eur légumage
Hac era dimpcalz e domage
Mar delc'h de peupli e non Bro
Ne legui quen nemerd en goo

Famillo son me Meliner
No deus gueni nep affer
Ne dostaont quet deur hé
De vit bleut ervel na bleut gué
Guejal evoi pres woar ou lec'h
O houl bleut ita pe bleut querc'h

Pe ven er stal me boulanger
Ordinal e ven en affer
Balamour d'ar bara munud
Even chicanet gant en dud
Po defe suppoeset un dors
Er bris era descrial fors

Ne felquet deso accordi
Quenevou eve laret dinme
Car vit douzes guoneyen
E prenot leis eur hrochen
Dimes en indign patates
E sou leshanvet oranges

Arrive er guer ven lequont tout
De preparin nes en ragout
Neubet aman a fors ognon

Bara neur hren bot pe neur chodron
A refe contente pe vent poas
Mu vit ne ra yod pe crampous

Po deffe debret casi re
E pedont evit er Roué
Dre me neus bet er vadelles
Dober vit e Rouantelles
A meneus breman pep hini
Mi vit ne capable de dibri

Laret era er patates
E congediou er guernes
Nep hi soignou gant propreté
Ne dey quet er famin do he
Rabat ero en Breis-izel
Voar an itu hac en ervel

Tud a no deus tam beajet
E lar nint ne merd boet loenet
Nep annonce e sorte prepojo
E sivoas he bras o gueno
Piv e sou caus ? er venageres
Faut ne voar dessi patates

Pessonet er Mediterranée
Moruet en Douar Nevé
Po deber dresses o hennan
Ne vent estimet casiman
Gant sauce o lequer en etat
Paour a pinvic o hever mad

Bars en Bro Sos er marhadour
E debe patate poahet en dour
E notrones hac ar bisset
E hoanta nes pevent fritet
Tud en general Vatlinton
O have mad poahec bars en ton

Partout defenseur er Patri
E hasten e vue ganti
Armée général Pichegru
E poihe ney mesque er ludu
Allementet tud er fortun
Debe eney ugent pret bep sun

Fin
Fait par Rober

Sommaire



Cette traduction de la version originale en breton est donnée par Goulven Mazéas dans son livre sur l'histoire de la pomme de terre (p206-208). La chanson est indiquée comme imprimée par Blot à Quimper.

Chanson composée nouvellement au sujet des patates

Si je pouvais savoir la façon, j'aurais composé
Une chanson à l'éloge de la bonne chose bénie
Nommée Patate, nourriture la plus commune du pays
Dont, trois fois par jour, dans les maisons, on fait des repas

Elle est immanquable et grandes sont ses qualités
Tous, pauvres et riches, en font usage
Les nobles, les bourgeois , dans tous leurs ragoûts
Lui donnent toujours la première place

Quand on porte la viande au four, on dit à la servante
Qu'elle épluche quelques patates pour l'entourer
La fermière ajoutera ensuite oignon, ail et poivre
Et quand ce fricot est cuit.. ô le plus délicieux des mets !

Elles sont de grande production, s'il s'en trouve dans ce monde
Honorées et respectées, méritant bien de l'être
L'autre jour, un homme faisant route avec nous
Assurait que sur un boisseau, il en récolta cent

Où trouverez-vous des phénomènes à mettre en terre
Qui puissent les surpasser , ni même les égaler
Tout le monde reconnaît que des aliments, elle est la fleur
Et que rien ne reproduit tant parmi les chrétiens

Et, par la grâce de Dieu, elles sont partout enracinées
En Trégor, en Léon, en Cornouaille, dans le Vannetais,
Et le grand nombre de pays qui étaient ravagés
Par des calamités, elle les a secourus.

Nombreuses sont les vertus des patates
Elles défient la famine dans les villes et les campagnes
Et tant qu'elles seront si fournies qu'elles l'ont été jusqu'ici
Jamais nous n'endureront les effets des disettes de blé

Nous leur souhaitons la grâce de continuer après leurs promesses
Elles resteront parmi le peuple Dieu merci
En ce pays on n'en cultive beaucoup et chaque année de plus en plus
Elles allongent la bouillie et épargnent le pain

Je en crois pas être menteur lorsque je viens déclarer
Que là où l'on en fait dix-huit repas dans la semaine
On allonge le blé noir, l'avoine, le seigle
Les patates bénies gardent le blé au grenier

Maintenant pour mon plaisir, je viens expliquer
L'emploi qu'on en fait par cette disette
Mercredi et samedi partout l'on faisait des crêpes
Maintenant l'on en fait encore mais après les patates

Les hommes au travail, emportent chacun sa couple
Pour combler l'estomac, après l'avoir déjà bien fourni en patates
Les femmes mangent debout chacune sa crêpe
Et avalent des patates à emplir leurs boyaux

Dans l'évêché de Léon, chez les gens sages
Afin de les épargner, on les emploie nature
Epluchées et découpées en tranche pour cuire
Puis mangées avec du lait doux, celle la est une bonne nourriture

En Cornouaille et en vannetais, on les fait frire
Au beurre ou au saindoux avec du lard parfois
Des morceaux vont à l'estomac grands comme mes sabots
Feu de tonnerre, mon frère, j'ai fait une ventrée

Avant de finir ma chanson, je vous prie d'écouter
Un couplet qu'en vérité j'ai à dire
Pour prouver qu'il est vrai ce que je vais dire
Je trouverais de bons témoins, m'en faudrait-il cent

Quand on les arrache, on en fait trois tas ;
Les grandes pour la vente, les moyennes pour manger,
Ensuite les petites pour en faire l'aumône
Ou les faire cuire pour engraisser les porcs

Personne ne pourra me reprendre quand je dis la vérité
Quand je vais chercher une nourriture je n'ai qu'elles
Prions Dieu de tout cœur, les anges et les saints
Pour qu'à leur sortie de terre qu'elles soient toutes de taille

Celui-là qui l'a apporté dans ce pays-ci
Nous avons le devoir de prier pour lui
Pour qu'il soit placé haut par Dieu, dans sa tombe
Par égard au bonheur provenant des patates

Je demande les excuses de ceux qui sont instruits
Je vous prie de me corriger partout où j'ai fauté
Parce que je n'ai pas d'instruction et jamais je n'en aurai
Mes yeux sont fermés et le jour et la nuit

Celui qui a fait cette chanson est un coureur de pays
Du côté de Tréguier, Yann ar Gwenn est son nom
Natif de Plouguiel, canton de Kerotret
Il a édifié une cabane dans la vallée de Crec'h Sulhiet

Sommaire


Cette traduction de la version originale en breton est donnée par Goulven Mazéas dans son livre sur l'histoire de la pomme de terre (p208-209). La chanson est indiquée comme imprimée par Victor Guilmer à Morlaix.

Récit composé récemment sur le sujet des patates

Bretons de Basse Bretagne, approchez pour entendre
Réciter en vérité ce qui est arrivé
Et qui a rendu de la douleur dans le royaume de France
Perdue est la plus grande moitié de notre providence
Ceux qui ont loué de la terre pour mettre des patates
Pensaient se soulager l'hiver à leur aise
Ils ont dû les payer sans pouvoir en profiter
Sans qu'ils aient pu aider leurs pauvres parents à vivre

La plupart des gens les disent ensorcelées
Et ceux-là disent ce qu'ils ne savent pas :
Le fléau de Dieu est venu nous châtier
Qui les a diminuées et mises à mal

Moi, je mets en mon esprit que l'offense est capable,
Que nous faisons à notre divin Maître chaque jour en sa présence
Et la Glorieuse Vierge, notre Mère et notre Dame
De diminuer sur nous leur bénédiction

Les laboureurs de la maison et les domestiques,
Comme ils sont sortis dehors après leurs repas
Laissent sur les patates mille malédictions
Et aimeraient qu'elles soient jetées loin au milieu de la mer profonde

Regrets ils auront d'avoir prononcé autant
Avant qu'il n'y ait fin à l'hiver, ils la chercheront
Quand finira le travail et qu'ils resteront à la maison
Ils ne trouveront pas à gagner et tomberont dans la misère

Tant qu'on était bon et constant envers la Providence
Dieu donnait plus d'abondance
Maintenant, il y a prétexte courant à se plaindre
Avec ce qu'on nous donnera, il nous faudra passer

Que font les malheureux avec leurs imprécations ?
Attirer sur eux toutes sortes de malheurs
Ils sont venus à bout de mettre misère et indigence
Le soulagement des pauvres était les patates

Adorons notre Maître Divin et la nuit et le jour
Et rendons tous notre hommage devant sa Majesté
Observons le Commandements qu'il a commandé
Et nous aurons pour jouir notre part de félicité

Comme il manquera aux animaux de manger des patates
Manque l'aumône donnée aux pauvres mendiants
Pour apporter des maladies de toutes sortes et mort
Mais le Sauveur nous protègera, nous ne sommes ni méchants ni offensants

Celui qui a rimé ce récit à nouveau
Est un homme ancien, à la fin de sa vie
Habitant la paroisse de Plouguiel : Yann ar Gwenn est son nom
Sa femme le guidant depuis 41 ans

Sommaire

Retour rubrique histoire