CHANSONS EN BRETON SUR FEUILLES VOLANTES (retour sommaire)

Par Serge Nicolas

Le fond et la forme.

Regroupons ici quelques notions éparpillées au fil des exposés précédents. On constate deux choses:
1- Le développement de la feuille volante, du début à son apogée, a entraîné la constitution d'un fonds relativement uniforme dans son aspect et jusque dans le fond de l'expression, ce qui traduit l'adaptation parfaite de ce mode d'expression au milieu dans lequel il s'est développé.


2- Les feuilles ont ainsi pris un aspect qui s'est constitué, de façon nullement prémédité, et qui reste étonnamment fixe, et ceci même si on compare les Feuilles volantes françaises qui remontent jusqu'au XVe siècle; aux feuilles volantes bretonnes fin XIXe - début XXe siècle, en passant par l'intermédiaire des feuilles volantes anciennes: voir les éditions Derrien à Quimper, le début des éditions Lédan à Morlaix.

I- La Forme

Voici le modèle schématique d'une feuille volante:

TITRE
______________________________________________
sous-titre
(parfois mention du nom de l'auteur ou autre mention)
______________________________________________
Timbre (sur l'air de...)
______________________________________________

CORPS DU TEXTE
(une ou plusieurs colonnes)

Cette partie peut incorporer des filets
de séparation ou des illustrations

/ /
. .
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/ /
______________________________________________
Nom d'auteur - parfois mention de la propriété

MARQUE D'IMPRIMEUR (nom, adresse, date, etc.)
(cette mention manque parfois, surtout si l'éditeur a des
doutes sur l'origine ou le "copyright" de la chanson).

parfois mentions publicitaires, autres produits, autres
chansons en vente chez cet éditeur

Ceci est le modèle "standard". Il existe de nombreuses variantes, dont les principales sont:
1- L'existence d'une jaquette, parfois illustrée (surtout feuilles religieuses), surtout quand il s'agit de feuilles portant des textes multiples reliés en livrets, dans ce cas souvent paginés,
2- Existence de musique imprimée, en plain-chant ou notation classique, rare et concernant également surtout les feuilles religieuses,
3- La fin du texte surtout sur livrets est souvent suivie d'illustrations, vignettes, culs-de-lampe, etc.

II- Le Fond

Sans aller plus loin pour l'instant dans les thèmes et les spécificités d'auteurs qui sont des particularismes, une certaine unité se dégage à la lecture des feuilles et ceci tient tant au respect des souhaits du public qu'à la personnalité des auteurs, qui ressentent le besoin de respecter les formes d'expression auxquelles ils sont accoutumés.
Le texte est ainsi souvent divisé en trois grandes parties: introduction, développement, conclusion. Rien de bien original donc dans ce type de plan.
La façon de traiter ces sujets est par contre adaptée à ce type de littérature:

1-L'introduction reprend souvent des formules d'avertissement du genre : "Je vais vous raconter une histoire horrible...", ou bien elle invoque des protections et inspirations spirituelles de circonstance. Il arrive parfois, ce qui est précieux pour la recherche, que des précisions soient données sur le lieu et la date: " à tel endroit, en l'année X, s'est passé ce qui suit...". Ces représentations initiales suivent souvent ce type de plan de façon stéréotypée, de sorte qu'elles sont parfois interchangeables, les détails mis à part, et qu'elles peuvent parfois constituer la "signature" d'un auteur bien défini. Il est plus rare, sans que ce soit exceptionnel, que l'auteur se présente nommément ou ès qualité à ce stade: Yann ar Minous par exemple dans la chanson sur la Garde Nationale, se présente également comme tel, membre de la Garde Nationale.

2-Le développement du texte est laissé à l'initiative et l'inspiration de l'auteur, selon ses habitudes ou ses talents. L'usage de litotes et de formules toutes faites est fréquent, car elles sont connues du public aussi, et elles sont retrouvées fréquemment dans le langage parlé. Il arrive aussi que certains émaillent leur discours, quand il s'y prête, de citations ou de noms de héros mythologiques ou de personnes de l'histoire religieuse, profitant de la circonstance pour briller en faisant étalage de connaissance de noms exotiques. On peut observer souvent, s'agissant de littérature populaire, que le récit est linéaire, narratif, il n'est pas question d'utiliser des procédés narratifs complexes qui ne seraient pas suivis ou compris.

3-La conclusion vient logiquement pour résumer les faits, donner une morale finale et parfois l'auteur signe la chanson dans les couplets finaux: " c'est un tel, de tel endroit, qui a fait cette chanson...", ceci se rajoute parfois à la signature textuelle, en hors-texte.

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