CHANSONS EN BRETON SUR FEUILLES VOLANTES

Retour Hubrique Histoire

Texte de la chanson

Traduction française 

L'auteur 

Bibliographie

Contact

Stourm L'Haï

Combat entre ar Francichen hag ar Brussianet

e pad ar Siej, tost da Baris

(Bataille de l'Hay-Combat entre les français et les prussiens pendant le siège, près de Paris)


En Bretagne la guerre de 1870-1871 évoque le plus souvent la boue du Camp de Conlie et les mauvais fusils de l'Armée de la Loire mais il ne faut pas oublier la présence de milliers de soldats bretons dans Paris assiégé. On trouve évidemment des gardes mobiles, par exemple ceux d'Ille-et-Vilaine sont cantonnés à Montreuil, mais aussi des marins et des fusiliers marins non embarqués et affectés à la défense des forts et au service des canons de marine installés en hâte.

Le combat de L'Hay (L'Hay-Les-Roses depuis 1914) que relate cette chanson sur feuille volante publiée en 1871 a pour cadre le siège de Paris durant la guerre franco-prussienne de 1870-1871. L'auteur en est le morlaisien Vincent Coat. La chanson a été publiée chez l'éditeur Haslé à Morlaix et porte la date de 1871. Elle a donc été rapidement composée, très probablement à partir des témoignages des mobiles finistériens qui avaient participé à cet engagement. Aucun air n'est indiqué mais le nombre de pieds autorise le support de très nombreux airs traditionnels.

Le contexte de la bataille de L'Hay est le suivant :
Paris est encerclé depuis septembre et ne communique plus que par ballons avec l'extérieur. Prudente, l'armée prussienne n'a pas donné l'assaut à la capitale. Elle s'est approchée au plus près en fortifiant ses positions et en occupant des hauteurs qui lui permette d'installer son artillerie. Du côté français, près de 500 000 soldats dont 135000 gardes mobiles et 15 000 marins sont commandés par le général Ducrot.
Fin novembre, il est envisagé une grande opération qui combine la percée du siège par une sortie massive des troupes de Paris et une avancée de l'armée de la Loire. Les deux armées sont censées se rejoindre à Fontainebleau puis revenir libérer Paris. Ducrot prévoit le 30 novembre 1870 une percée au Sud-Est vers Champigny-sur-Marne. Comme l'indique la chanson, Ducrot avait juré qu'il rentrerait à Paris "mort ou victorieux".

 

 

Dukro eun d'hoa lavared, enn devechou araok,
A barz eun neubeud deiou avezo eur goel grog
Enn tre ar Prussianed ha bugale hor bro,
Rac c'hoant emm beuz d'ha veled deuz ar peoc'h ann distro.

Dilezell haran Pariz, eun penn daou c'hant mil den.
Tri c'hant mil ha chom henni evit ann eïl loden
Ha biken ne zistroan, me enn tou, d'ha Bariz,
Kenn amm bezo ho c'hassed d'ha'Verlin war ho c'hiz.

Homp derc'hell ha feil dezhe enn kreiz eur c'heïl houarn
Evel ma zalc'h aliez ann droug-chass al louarn
Allaz! red ezeo demp-ni ho zrec'hi pe mervel
Evel ma ra ar bleuniou p'ha c'houez ann droug-avel.

Hoguen ma vefenn lazed, 'vel mar guellan beza,
Arabat. v'ho ho espern, red ha v'ho ho laza,
Red avezo ho laza eb cavet tamm.true
Rac inn azo noz ha de ho clask caout homp bue!

Ducrot avait dit les jours avant
Dans quelques jours il y aura un dur engagement
Entre les prussiens et les enfants de votre pays
Car j'ai envie de voir le retour de la paix

Je quitte Paris à la tête de deux cent mille hommes
Trois cent mille y restent pour l'autre part
Et jamais je ne reviendrai, je m'y engage, à Paris
Jusqu'à ce que je les aie renvoyés à Berlin

Ils nous tiennent dans un cercle de fer
Comme souvent les chiens d'attaque tiennent le renard
Hélas il nous faut les battre ou mourir
Comme font les fleurs quand souffle le vent mauvais

Même si j'étais tué, comme je peux l'être
Il ne faut pas les épargner, vous devez les tuer
Vous devez les tuer sans pitié
Car jour et nuit, ils cherchent à prendre notre vie

Pour faire diversion, il lance le 29 novembre une offensive au sud vers L'Hay et Chevilly, à partir des positions de Villejuif et Bicêtre dont la Redoute des Hautes-Bruyères traduite par Huel-Bruk dans la chanson. Cette redoute, encore visible aujourd'hui a été construite en 1870 et fait partie du vaste ensemble de fortifications entourant la capitale. La chanson raconte ensuite la part prise part des mobiles du Finistère dans cet engagement. Les soldats en position depuis trois heure du matin montent à l'assaut cinq heures plus tard. Par trois fois, l'attaque est repoussée avec beaucoup de pertes. Finalement ils se replient sur les positions de départ puis vers Gentilly, aux portes de Paris.

 

Enn drenchadenno Huel-Bruk he c'hortozenn ann heur
D'ha' skei, evit discarout ar'he ha laz ho breur.
Darn dioute ho devoa ho c'herniel bet tanned
Ag eun darn all ho devoa ho guin kazi eved,

Dans les tranchées des Hautes Bruyères, ils attendaient l'heure
De frapper pour abattre ceux qui tuent leur frère
Une partie d'entre eux avaient brûlé tout leur tabac
Et une autre avaient bu presque tout leur vin

D'ha eiz heur deuz ar beure eur ouez he oa cleved
Ho lavarad : " Redid araog, redid araog paotred,
Duonn, ha dreg ar voguer hemedi ar victor
Ho c'hortozout ha c'hanoc'h gant he breur ann henor

Mobiled kaer Montroulez, Lanveur ha Plouignau
Ha iaz deuz ann drenchaden gant rhe Landivisiau.
Ha kerkenn ma ouien bet hed er meaz ann drenchadenn
Ann houarn ha dremene goasoc'h woas dreïst ho fenn.

A huit heures du matin, on entendit une voix
Qui disait : courrez en avant, courrez en avant les gars !
Là-bas, au-delà du mur se trouve la Victoire
Qui vous attend avec son frère l'Honneur

Les mobiles de Morlaix, Lanmeur et Plouigneau
Sortirent des tranchées avec ceux de Landivisiau
Et dès qu'ils furent hors des tranchées
L'acier passa encore pire au dessus de leurs têtes

........

Mobiled kaer Montroulez, Plouignau ha Lanveur
Kencoulz ha Landivisiau ha gollaz meur ha vreur,
Ho goad ker stang ag an dour enn deïz-ze ha ruillaz
Ag eun darn vraz diouzoc'h ho bue ha gollaz.

Dre deïr guech ann trompillou ha zonaz enn araog,
Ha dre deîr guech oa goeled e oa goel fail ar c'hrog,
Hoguen pa oa bet goeled he oa ar c'hrog-ze fall
He zistrojonn nar ho c'hiz n'eur bedi evit Gall.

Ar pennou braz ha goeaz goalled war ann dachenn
Ar zoudarded ha goeaz maro ho c'hichenn.
Enn ho c'hichenn ar zoudard scoed ha goe maro,
Pebeuz devez ha c'hlac'har,pebeuz devez c'huero.

Les mobiles de Morlaix, Plouigneau et Lanmeur
Comme ceux de Landivisiau perdirent beaucoup de frères
Leur sang ruissela ce jour là aussi fort que l'eau

Et la plus grande partie perdit la vie
Par trois fois les trompettes sonnèrent l'assaut
Et par trois fois on vit que l'engagement tournait mal
Puis quand on vit que cet engagement tournait mal
Ils firent demi-tour en priant pour la France

Les officiers tombèrent blessés sur place
Les soldats tombèrent morts à leur côté
A leur côté, les soldats frappés à mort
Quel jour de tristesse, quel jour amer

..................

Deuz drenchadenn Huel-Bruk zistrojonn war ho c'hiz
Enn trezec ha Gentilli, ha dostig d'ha Bariz,
Ag he barz enn Gentilli p'ha ouien enn eur gaved
Enu eur strinkjonn d'ann daoulinn d'ha bedi ann Drinded.

Des tranchées des Hautes Bruyères, ils reviennent en arrière
Vers Gentilly, tout près de Paris
Et à Gentilly, quand ils surent qu'ils s'y trouvaient
Ils se jetèrent à genou pour prier la Trinité

Mal coordonnée, l'ensemble de l'opération, sera un échec et coûtera 12 000 hommes aux assiégés. L'attaque de diversion du 29 sera meurtrière et la percée sur Champigny, retardée par la montée des eaux de la Marne, s'avérera impossible. De son côté, l'Armée de la Loire ne dépassera pas Orléans. A Paris, dans les semaines qui suivent, d'autres sorties seront tentées par un Ducrot vaincu et bien vivant, telles celles du Bourget et de Montretout. Elles seront toutes coûteuses en hommes et aucune ne sera décisive. Paris sera bombardé systématiquement par les Prussiens à partir de janvier. Le froid, la famine et le découragement amèneront à l'armistice du 28 janvier. Plus tard, à l'Hay-Les-Roses, un cénotaphe et un monument nommé "la croix des mobiles" seront édifiés pour commémorer cette épisode sanglant.

Vincent Coat (1845-1908) était né à Morlaix. Il était ouvrier à la Manufacture des Tabacs et a écrit de nombreuses chansons sur feuilles volantes ainsi que des poésies en breton. Vincent Coat avait communiqué à Luzel des chansons et des contes. Dans la liste de ses compositions sur feuilles volantes, on voit qu'il avait une certaine prédilection pour les sujets tragiques et religieux. Dans le cas de "Stourm L'Hay", l'auteur a globalement divisé le texte en deux parties. La première raconte les faits en insistant sur les conditions difficiles de la bataille. La seconde est une constatation amère de la situation avec le recours religieux comme solution. On peut penser que Vincent Coat n'a fait ici que traduire en vers le sentiment général de la population qui s'attendait à une victoire facile. Serge Nicolas a étudié en détail le corpus des feuilles volantes couvrant l'ensemble de la guerre 1870-1871. Son étude (non encore publiée) montre bien au travers de ces productions populaires, l'enthousiasme du départ en guerre puis l'amertume de la défaite.

Bibliographie
Histoire des événements de 1870-1871, Tome 1, Adrien Desprez, Lirairie Générale illustrée, s.d.
Le Camp de Conlie, Les bretons dans la guerre de 1870, P. Le Moing-Kerrand, 2000
Catalogue bibliographique de la chanson bretonne sur feuilles volantes, J. Ollivier, Le Goaziou, Quimper, 1942


Pour plus de détails sur cette période ou les communes citées, consulter :

Siège de Paris : http://www.history4war.com/batailles/empire2/paris.htm

Histoire de L'Hay-Les-Roses : http://www.archeo.cg94.fr/noticeshistorique/hay.html

Montreuil pendant le Siège de Paris :

http://www.mairie-montreuil93.fr/decouvrez/histoire/chroniqu/sommai02/10citoy.htm

Concernant la redoute des Hautes-Bruyères, des clichés et plus d'informations sont disponibles sur le site suivant :

http://chantebout.free.fr/hautes-bruyeres.htm

A l'Hay-Les-Roses, un cénotaphe et un monument nommé "la croix des mobiles" commémorent cette bataille. Des photographies sont visibles sur le site d'une association locale dont l'adresse est :

http://www.mac-hay.com/amisvh/index.htm


Titres des chansons sur feuilles volantes composées par Vincent Coat

(d'après le catalogue de J. Ollivier)

Ar Vam Michel (La mère Michel) : il s'agit de la traduction bretonne de la chanson française.

Bugale Breis-Izell (Enfants de Basse- Bretagne).

Guenole ar Fur (Gwenole le sage).

Guerz an daou griminal. Torfed Plougastel (Complainte des deux criminels - Forfait de Plougastel)

Guerz Brezell Madagascar : (Complainte de la guerre de Madagascar).

Guerz Jannet d'Arc Guerc'hez ha Merzerez : (Complainte de Jeanne d'Arc, vierge et martyre).

Guerz Caserio Santo muntrer ar Presidant Carnot- Distrujet en kear Lyon, ar 16 a viz Eost 1894 (Complainte de Caserio Santo , meurtrier du président Carnot - Eliminé à Lyon , le 16 août 1894).

Gwerz Intron Varia ar Relek : (Complainte de Notre Dame du Relecq) : Il s'agit du Relecq situé au sud de Morlais ,près de Plonéour-Menez.

Guerz Intron Varia ar Vur Patrones Montroules : (Complainte de notre Dame du Mur, Patronne de Morlaix).

Peden da Itron Varia Ar Vur : (Prière à Notre Dame du Mur).

Guers Jean-Marie Caer torfedour ar Vilin Soul e Lanhouarno ann dregont ha viz ebrel 1899
(Complainte de Jean-Marie Caer, (qui a commis) le forfait de Milin Soul à Lanhouarneau, le 30 avril 1899).

Guerz Sant Alar ha sant Herbot : (Complainte de Saint Alar et de Saint Herbot)

Kaourintin ar Foll : (Corentin le Foll)

Histor gweledigez ar Werc'hes e Lourd d'ur baotrez yaouank e mis c'huerveur 1858
(Histoire de l'apparition de la Vierge à Lourdes à une jeune fille en février 1858)

Peden d'ann Intron Varia a Lourd (1875)(Prière à notre Dame de Lourdes)

Merc'hed Lokenole (Les filles de Locquenolé) : Cette chanson traditionnelle a été recueillie par V. Coat et publiée sous forme de feuille volante.

Sclerijenn al loar (La clarté de la lune).

Torfed Pantin greed e kichen Paris e mis gwengolo er bloavez 1869 (Forfait de Pantin, commis près de Paris en septembre de l'année 1869) : Il s'agit du crime commis par Troppmann et qui fit grand bruit à l'époque.

Tugdual ha Seva (1884) : (Tugdual et Seva).

Retour haut de page

Stourm L'Haï -Combat entre ar Francichen hag ar Brussianet

e pad ar Siej, tost da Baris

Silaouit, tud Breïz-Izell, ha c'hanon, me ho ped.
Ha me ia d'ha lavared ar stourm oa n'eur gaved,
Ha dostig d'ha gaer Bariz, nao-var-n'uguent ha zu
Mil-eiz-cant-tri-uguent-dec, dre eun amzer goal du.

Ann avel he oa scorned, ann amzer he oa ien.
Ar zoudarded ha rampled er fank ag er voulien
Ann eïl zoudard lavare goustadik d'he guile
Erru zeo tost ar maro, me enn cleo ho vale.

Teîr eur oa nevez soned he barz enn Gentilli.
Pa oa zoudarded iaouank guennoc'h evit lilli
Ho vale war zu kaer I'Haïs ag ho fennou saved
D'ha glask ann enebourien ho d'alc'he liammed.

Ar zourdarded deuz or Pruss ha zalc'he annezhe
Evel ma rha or c'hlenved ann dud war ho guele
Ho derc'hell ha renn ha dost ne hellenn ket fringall
Ar Roue Guillou ha boueze he vrec'h pounner war Gall

Dukro eun d'hoa lavared, enn devechou araok,
A barz eun neubeud deiou avezo eur goel grog
Enn tre ar Prussianed ha bugale hor bro,
Rac c'hoant emm beuz d'ha veled deuz ar peoc'h ann distro.

Dilezell haran Pariz, eun penn daou c'hant mil den.
Tri c'hant mil ha chom henni evit ann eïl loden
Ha biken ne zistroan, me enn tou, d'ha Bariz,
Kenn amm bezo ho c'hassed d'ha'Verlin war ho c'hiz.

Homp derc'hell ha feil dezhe enn kreiz eur c'heïl houarn
Evel ma zalc'h aliez ann droug-chass al louarn
Allaz! red ezeo demp-ni ho zrec'hi pe mervel
Evel ma ra ar bleuniou p'ha c'houez ann droug-avel.

Hoguen ma vefenn lazed, 'vel mar guellan beza,
Arabat. v'ho ho espern, red ha v'ho ho laza,
Red avezo ho laza eb cavet tamm.true
Rac inn azo noz ha de ho clask caout homp bue!

Ar zoudarded p'ho d'he oa ar guirion-man clevet
Ha zilezaz kaer Bariz evel tud spouronned,
Eun darn ha redaz ha gleî ag eun darn all ha zeo.
Tanned siouaz ho fennou evel penn eun den meo.

Evel-ze enn eur gave, nao-war-n'uguent ha zu.
Darn ho vonned war zu l'Haï dre eun noz-vez goal du,
Ann amzer he oa goal du, eneblec'h oa goulou
Nemet ha rhe zo haded gant Doue enn envou.

Enn eur vale n'eur gavjonn dirag ar gaer ha l'Haï
Darn dioute lavare bremaîk van tan me c'haï
Err penn kenta barz enn kaer d'ha guemer eur baniel
Ag enn dalc'hinn huelloc'h, vit ar ar zaout ho c'herniel.

Deuz Mobilet Achu-Douar ar berderved loden
Enn eur gavaz ar c'henta d'ha ziraou ar chaden,
Enn drenchadenno Huel-Bruk he c'hortozenn ann heur
D'ha' skei, evit discarout ar'he ha laz ho breur.

Darn dioute ho devoa ho c'herniel bet tanned
Ag eun darn all ho devoa ho guin kazi eved,
Nann, nikun deuz annezhe ne guemere tamm aon
Evit guelout ho breudeur kousket war ar walskaon.

Ho c'halon he oa kargued gant Doue deuz ar feïz
Ha chomm atao d'ha veva enn touesk bugale Breïz,
Doue deuz n'ech ann envou ha reize annezhe
Rak Doue ha gar atao, mer goar, e vugale.

D'ha eiz heur deuz ar beure eur ouez he oa cleved
Ho lavarad : " Redid araog, redid araog paotred,
Duonn, ha dreg ar voguer hemedi ar victor
Ho c'hortozout ha c'hanoc'h gant he breur ann henor

Mobiled kaer Montroulez, Lanveur ha Plouignau
Ha iaz deuz ann drenchaden gant rhe Landivisiau.
Ha kerkenn ma ouien bet hed er meaz ann drenchadenn
Ann houarn ha dremene goasoc'h woas dreïst ho fenn.

Ar c'hanolliou ha straske, teval he oa ann env,
Evel ar paourkez sturier ha ve torred he roenv,
Ar c'hanolliou ha straske, straske eb eann
Ag eun avel a varo ha zougwe ann tarann.

Bale ha rejonn neuze eb- kaout aon ha vagad
Ho c'halon he oa laouen enn kreïz tann ann argad
Nikun abet dioute ne guemere ann tec'h
Evit gwelout ar maro hastenned he ziou vree'h.

Eur ouez he oa bet cleved ho lavarad ive
Daou ha daou kid enn araog. kid zoudarded neve,
Redit, redit warnezhe buhan er penn kenta.
Lazit P'he ha voc'h lazet ganthe eh marc'h'ata.

Ar zoudardet lavare: Bremaïk ha v'ho butun,
Enn eur vale war kaer l'Haï evel eun tarch curun,
Hoguen p'ha ouien n'eur gaved ha dostig d'ar voguer
Ha goeaz siouaz maro dioute eun niver.

Calz houte ha levare : malloz malloz Guillou
Rac te ha laca hor bro en tann ag enn daëlou,
Enn tann coulz ag enn daëlou hor bro gaer ha lakeaz
N'enn deuz mui nemet enkrez enn kaer ha war ar meaz.

N'eur lavarad kement- ze darn ha goeaz goalled.
Ag eun darn all ho devoa ho bue bet colled,
Cettu aze ann traou caer ha zigass ar vrezell,
Ne veler nemet daëlou p'ha daoler mad eur zell.

Mobiled kaer Montroulez, Plouignau ha Lanveur
Kencoulz ha Landivisiau ha gollaz meur ha vreur,
Ho goad ker stang ag an dour enn deïz-ze ha ruillaz
Ag eun darn vraz diouzoc'h ho bue ha gollaz.

Dre deïr guech ann trompillou ha zonaz enn araog,
Ha dre deîr guech oa goeled e oa goel fail ar c'hrog,
Hoguen pa oa bet goeled he oa ar c'hrog-ze fall
He zistrojonn nar ho c'hiz n'eur bedi evit Gall.

Ar pennou braz ha goeaz goalled war ann dachenn
Ar zoudarded ha goeaz maro ho c'hichenn.
Enn ho c'hichenn ar zoudard scoed ha goe maro,
Pebeuz devez ha c'hlac'har,pebeuz devez c'huero.

Cri ha vije ar galon eb goela ha chomje
Enn drenchaden ho veled kement all ma vije,
Dre holl he oa tud varo pe ho vonn d'ha vervel
Pell siouaz demeuz ar vamm he oa deud d'ho guenel.

Calz dioute a zeue enn tre pevar dougued
Ha calz all ha lavare va Doue va mougued
Rac ma choman enn bue n'emm b'ho nemet poanniou
Calz goass'oc'h evit ar'he azo eun Iverniou.

Deuz drenchadenn Huel-Bruk zistrojonn war ho c'hiz
Enn trezec ha Gentilli, ha dostig d'ha Bariz,
Ag he barz enn Gentilli p'ha ouien enn eur gaved
Enu eur strinkjonn d'ann daoulinn d'ha bedi ann Drinded.

D'ha bellad diwor hor bro ar woalen ha gasti ,
Kenkoulz evel ar woalen ha zileun meur ha di.
Ha goudeze ha bedjonn ha galon vad Doue
D'ha reï d'ho breudeur maro ar peoc'h enn guir Roue.

Cettu aze eun devez ag he laka c'huero
Calonnou kement hini ha leze r'he varo,
Eun darn leze kindirvi, eun darn all ho breudeur,
Ag eun darn all mignouned, Doue! pebeuz goaleur.

Evel-ze tud Breïz-Izell noz ha de ha gleomp
Pedi atao ann hini eun devez ha velfomp,
D'ha gass diwar hor ziez pell, pell ar brezellou
Ha lac eun darn vraz ha dud d'ha skuill eur mor daëlou.

Er goud arit coulz ha me n'enn deo ken ann douar
Nemet eun draounien duoc'h vit ma zeo ar mouar,
Dre aman ne veler ken, allaz! nemet enkrez
Ha calonnou difregued gant ar spern ag ann drez.

Nann, n'eun deuz nemet eul lec'h ag he vever hevruz
Enu keïta ma ver amant ho veva malhevruz,
Ag ar lec'h-ze zo anvet dre holl ar Baradoz
All lec'h ma chomm ar Vamm vad ha r'ho demp he bennoz.

He bennoz war hor ziez atao ho deuz scuilled
Ha laked war ann hent mad meur ha hini colled.
Meur ha hini n'eur golled laca war ann hent mad
Pa zaoulinonn dirazi, Pa zaoulinonn timmad.

Evel-ze ha greïz calon he fedomp eb paouez
Hi, he deveuz bet atao silaouet mad hor mouez
Ag eun devez d'ha zonnet hevruz enn he c'hever
Nimp ha ganno d'ha Zone meuleudi eun niver !

Retour haut de page

(Bataille de l'Hay-Combat entre les français et les prussiens

pendant le siège, près de Paris)

Ecoutez moi gens de Basse Bretagne, je vous prie
Et je vais vous dire le combat qui s'est passé
Tout près de la ville de Paris, le 29 novembre
1870, par un temps très froid

Le vent était glacé, le temps était froid
Les soldats rampaient dans la boue et la gadoue
Un soldat disait doucement à l'autre
La mort approche, je l'entends venir

Trois heures venaient de sonner à Gentilly
Quand les jeunes soldats plus blancs que les lilas
Etaient en marche ver l'Hay avec la tête levée
Pour chercher les ennemis qu'ils devaient rencontrer

Les soldats de la Prusse les tenaient
Comme la maladie tient les gens dans leurs lits
Ils les tenaient de si près qu'ils ne pouvaient s'ébrouer
Le Roi Guillaume pesait de son bras lourd sur la France

Ducrot avait dit les jours avant
Dans quelques jours il y aura un dur engagement
Entre les prussiens et les enfants de votre pays
Car j'ai envie de voir le retour de la paix

Je quitte Paris à la tête de deux cent mille hommes
Trois cent mille y restent pour l'autre part
Et jamais je ne reviendrai, je m'y engage, à Paris
Jusqu'à ce que je les aie renvoyés à Berlin

Ils nous tiennent dans un cercle de fer
Comme souvent les chiens d'attaque tiennent le renard
Hélas il nous faut les battre ou mourir
Comme font les fleurs quand souffle le vent mauvais

Même si j'étais tué, comme je peux l'être
Il ne faut pas les épargner, vous devez les tuer
Vous devez les tuer sans pitié
Car jour et nuit, ils cherchent à prendre notre vie

Les soldats quand ils eurent entendu ces vérités
Quittèrent Paris comme des gens affolés
Une partie couru à gauche et une autre partie à droite
Leurs têtes, hélas, échauffée comme celle d'un homme ivre

Ainsi se trouva le 29 novembre,
Une partie allant sur L'Hay par une nuit glaciale
Le temps était glacial, il n'y avait aucune lumière
A part celles semées par Dieu dans le ciel

A force de marcher, ils se trouvèrent devant la ville de L'Hay
Certains d'entre eux disaient : très bientôt
j'irai en premier dans la ville prendre un drapeau
et je le tiendrai plus haut que les vaches portent leurs cornes

Le quatrième groupe des mobiles du Finistère
Se trouva en premier pour secouer la chaîne
Dans les tranchées des Hautes Bruyères, ils attendaient l'heure
De frapper pour abattre ceux qui tuent leur frère

Une partie d'entre eux avaient brûlé tout leur tabac
Et une autre avaient bu presque tout leur vin
Non, aucun d'entre eux ne prenait peur
En voyant leurs frères couchés sur les tréteaux mortuaires

Leurs cœurs étaient remplis par Dieu de la Foi
Qui est toujours vivante parmi les enfants de Bretagne
Dieu du haut du ciel les guidait
Car Dieu aime toujours, on le sait, ses enfants

A huit heures du matin, on entendit une voix
Qui disait : courrez en avant, courrez en avant les gars !
Là-bas, au-delà du mur se trouve la Victoire
Qui vous attend avec son frère l'Honneur

Les mobiles de Morlaix, Lanmeur et Plouigneau
Sortirent des tranchées avec ceux de Landivisiau
Et dès qu'ils furent hors des tranchées
L'acier passa encore pire au dessus de leurs têtes

Les canons grondaient, le ciel était sombre
Comme le pauvre barreur qui a cassé ses rames
Les canons grondaient, grondaient sans arrêter
Et un vent de mort portait le tonnerre

Ils avancèrent alors sans peur ni crainte
Leurs cœurs étaient joyeux au milieu du combat
Aucun d'eux ne prenait la fuite
En voyant la Mort tendre ses bras

Une voix avait été entendue et qui disait aussi
Deux par deux allez en avant jeunes soldats
Courrez, courrez à eux vite en tête
Tuez ou vous serez tué par eux sans discussion

Les soldats disaient : tout à l'heure il y aura du tabac
En allant sur L'Hay comme une nuée de tonnerre
Mais quand ils se trouvèrent à côté du mur
Ils trouvèrent hélas la mort en nombre

Beaucoup d'entre eux disaient malédiction, malédiction Guillaume
Car tu mets notre pays en feu et en larmes
En feu et en larmes tu mets notre beau pays
Il n'y a plus que de la misère dans les villes et les campagnes

En disant ceci une partie fut blessé
Et une autre partie perdit la vie
Voilà les belles choses qu'amène la guerre
On ne voit que des larmes quant on y regarde bien

Les mobiles de Morlaix, Plouigneau et Lanmeur
Comme ceux de Landivisiau perdirent beaucoup de frères
Leur sang ruissela ce jour là aussi fort que l'eau
Et la plus grande partie perdit la vie

Par trois fois les trompettes sonnèrent l'assaut
Et par trois fois on vit que l'engagement tournait mal
Puis quand on vit que cet engagement tournait mal
Ils firent demi-tour en priant pour la France

Les officiers tombèrent blessés sur place
Les soldats tombèrent morts à leur côté
A leur côté, les soldats frappés à mort
Quel jour de tristesse, quel jour amer

Cruel était un cœur qui resterait sans pleurer
Dans la tranchée en voyant comme ils étaient
Partout il y avait des morts ou des mourants

Beaucoup d'entre eux revenaient porté par quatre autres
Et beaucoup d'autres disaient: Mon Dieu, étouffez-moi
Car si je reste en vie, je n'aurais que des peines
Pires que celles qui sont en enfer

Des tranchées des Hautes Bruyères, ils reviennent en arrière
Vers Gentilly, tout près de Paris
Et à Gentilly, quand ils surent qu'ils s'y trouvaient
Ils se jetèrent à genou pour prier la Trinité

Voici une journée qui rend amer
Les cœurs de tous ceux qui y ont laissé des morts
Une partie ont laissé des cousins, une autre partie leurs frères
Et une autre partie des amis, Dieu quel malheur !

Ainsi gens de Basse Bretagne, nuit et jour nous devons
Prier toujours celle qu'un jour nous verrons
Chasser de nos maisons très loin les guerres
Qui font qu'une grande partie des gens versent des torrents de larmes

Vous savez autant que moi qu'il n'y a sur terre
Qu'une vallée plus noire que la mûre
Par ici , hélas, on ne voit que de l'anxiété
Et des coeurs détruits par l'épine et la ronce

Non, il n'y a qu'un lieu où l'on vive heureux
Tant que l'on est ici
Et ce lieu-là et appelé par tous le Paradis
Où habite la Bonne Mère qui nous donne sa bénédiction

Sa bénédiction sur nos maisons toujours elle l'a donné
Et mis sur la bonne route beaucoup de gens perdus
Beaucoup de gens perdus, elle remet sur la bonne route
Quand on s'agenouille devant elle, quand on s'agenouille prestement

Ainsi de tout cœur, nous la prions sans arrêter
Elle a toujours bien entendu notre voix
Et un jour allant heureux à ses côtés
Nous chanterons à Dieu des louanges en nombre

Bibliographie

Histoire des événements de 1870-1871, Tome 1, Adrien Desprez, Lirairie Générale illustrée, s.d.

Le Camp de Conlie, Les bretons dans la guerre de 1870, P. Le Moing-Kerrand, 2000

Catalogue bibliographique de la chanson bretonne sur feuilles voaantes, J. Ollivier, Le Goaziou, Quimper, 1942

Contact

Retour haut de page